Retour sur l'UTMB 2016

Salut Clément, ça roule ?

Je suis content d'avoir terminé, c'est quand même long cette TDS. C'était ma première course sur une si longue distance, même si j'avais déjà une idée de ce que ça représentait avec la CCC (ndlr: Courmayeur-Champex-Chamonix, 100km) que j'ai couru il y a 2 ans.

Tu nous racontes ?

On est parti mercredi matin à 6h de Courmayeur dans une ambiance assez forte, avec l'euphorie du départ et l'émulation entre les coureurs j'ai vraiment bien déroulé sur la première partie, j'avais de bonnes sensations.

L'organisation nous avait fortement sensibilisé par rapport au pic de chaleur annoncé pour mercredi et jeudi. Pour ma part j'ai commencé à la ressentir dès le Col du Petit Saint Bernard que j'ai franchi vers midi. Dans la descente vers Bourg Saint Maurice la chaleur se faisait de plus en plus forte, je me disais que le pic allait être assez monstrueux.

A Bourg Saint Maurice il y avait la possibilité de faire une "assistance" au ravitaillement. A ce moment là on était déjà à 51km de course et j'ai pris mon temps, mes parents étaient présents pour m'apporter des affaires sèches histoire que je puisse me changer. J'ai aussi bu pas mal de soupe et je me suis reposé un peu. Finalement j'ai du faire un break de plus de 45 minutes. A mon niveau je préfère prendre le temps de profiter de  ces assistances et repartir dans de bonnes dispositions pour la suite.

Pour la suite justement, à Bourg Saint Maurice l'organisation nous a dit qu'il fallait qu'on prenne au moins trois litres d'eau pour monter au Fort de la Platte à cause de la chaleur. Cette montée vers le Fort de la Platte était vraiment dure, on s'arrêtait toutes les cinq minutes sur le bord du chemin avec la tête qui tournait et la vision plus très claire. Le soleil tapait méchamment et tout le monde était dans le même état, il y a eu beaucoup d'abandons sur cette section. Je me suis souvent assis au bord du chemin quand je ne me sentais pas bien. C'était une phase de course désagréable où il fallait se battre mentalement pour passer le cap en se disant que ça irait mieux plus tard, avec la fraîcheur du soir. Je me focalisais sur la nuit qui arrivait et le fait qu'il ferait meilleur. J'aime bien courir de nuit, je trouve que ça passe plus vite.

Au Cormet de Roselend il y avait un ravitaillement, la nuit est tombée et je suis reparti avec la pêche, comme une nouvelle course qui commençait.

Dans la dernière partie j'ai fait un stop aux Contamines où j'ai refait une assistance avec mes parents pour me remettre un coup de frais. Le Col du Tricot c'était la dernière grosse montée, avec 100km de course dans les jambes ce n'était pas gagné non plus.

La descente vers les Houches était vraiment longue.  J'ai eu des moments de doutes pendant toute la course mais une fois dans les vingt derniers kilomètres je me suis dit que ça allait le faire.

Sur la fin je me suis repris un coup de canicule. La ligne d'arrivée approchant j'étais tiraillé entre le but si proche et une lassitude tellement forte que j'aurais pu m'arrêter à tout moment.

Content de ta course donc ?

Super content oui. Et puis c'est magnifique ce cadre de course, le paysage est très ouvert, on est en altitude avec le Mont-Blanc en arrière plan. C'est un environnement exceptionnel et on en prend plein la vue !

Il y a quand même beaucoup de moments où tu te dis que c'est un sport à la con et que plus jamais de ta vie tu ne referas un truc comme ça. Il faut se battre mentalement tout le long de la course. 

C'est très dur de garder de la fraîcheur mentale. Physiquement tu peux toujours mettre un pied devant l'autre mais c'est vraiment dans la tête que ça se joue. Parfois il faut s'occuper un peu l'esprit, pour ma part j'utilise la musique, certains coureurs se concentrent aussi sur des techniques de respiration.

Les contacts avec les potes et la famille qui t'envoient des SMS pendant la course c'est super agréable, ça encourage, ça rafraîchit l'esprit et ça joue sur le mental en général.

Je n'avais pas fait de reconnaissance du parcours même si c'est préconisé de le faire. Si j'avais su ce qui m'attendais après Bourg Saint Maurice et avec la chaleur qui tapait, je ne sais pas si j'y serais allé.

En tout cas c'est une course majeure au sein d'un événement prestigieux et ça fait quand même quelque chose d'y participer et d'en franchir la ligne d'arrivée. C'est hyper international avec une ambiance géniale dans la course, très conviviale, presque amicale en fait. On s'aide, on s'encourage, on discute pour ne plus penser, ne serait-ce que pendant dix minutes, à toutes les bornes qu'il reste à faire.

Emotionnellement l'arrivée à Chamonix avec tous les gens qui t'applaudissent et t'encouragent dans les derniers kilomètres c'est extraordinaire. Toute la ville est tournée vers l'UTMB, tu le sens de la part des gens et des organisateurs.

Des morceaux de l'ambiance près de la ligne d'arrivée et dans les rues de Chamonix. Il y a toujours du monde pour applaudir les coureurs, du premier au dernier.