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Voici l'avis d'un alpiniste 'connu', enfin pas par moi mais je n'y connais rien.

Et vous , votre avis ?

Moi, je sais que mon fils a pour la première fois regardé ce style de documentaire.

L'alpiniste Pascal Tournaire démonte complètement le documentaire d'Inoxtag (22 ans), youtubeur de père algérien, sur son ascension de l'Everest. Il le qualifie de "catastrophe" et trouve que ça va développer encore plus au surtourisme. D'après lui, le film est trop centré sur Inoxtag lui-même, avec des moments du style "regardez mon nombril" plutôt que de montrer un vrai exploit. Tournaire rappelle qu'il avait gravi l'Everest en 1990 sans oxygène, et trouve que l'ascension d'Inoxtag, avec de l'oxygène, c'est comme faire le Tour de France en vélo électrique. Il critique aussi l'ironie du documentaire : Inoxtag se plaint du surtourisme, mais en fait, il y contribue.
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De Jean-Michel Asselin

Il a gravi l’Everest …Et alors ?
Pendant 20 ans dans le magazine Vertical, j’ai commenté les faits et gestes des alpinistes sur tous les sommets du monde. Victime de contagion, j’ai moi-même imaginé être suffisamment armé et digne de gravir le plus haut sommet du monde. Cette illusion m’a conduit à cinq reprises sur les pentes de Chomolungma (tant par le versant nord en 1989 que par la voie normale en 1990. 91, 92 et 2003). Avec une certaine ironie, je suis parvenu par deux fois à 50 m de dénivelé du sommet. Seul bénéfice : mes Everest étaient de silence, de solitude (hormis l’année 2003, année du Cinquantenaire de l’ascension : le Golden Jubilee). Je n’ai donc jamais vécu les foules que l’on voit aujourd’hui et bien souvent, j’ai du faire mes propres traces ou suivre celles de quelques camarades plus aguerris. J’ai noué de belles amitiés avec des Sherpas et aujourd’hui encore, en allant pratiquement chaque année au Népal, j’ai plaisir à retrouver cette communauté d’alpinistes inconnus, chaleureux, et admirer ces sommets en passant simplement à leur pied.
Le jeune You-Tubeur Inoxtag que je préfère nommer Inés , de son véritable prénom, vient de dévoiler la réussite de son ascension. Succès formidable de l’audience, son « film » cartonne. Et suscite des commentaires divers et variés. Il ya le clan des fans qui adorent, le clan des « surpris » (Ah, finalement c’est intéressant, son discours est sympa) puis il y a les « contre » : aucun intérêt, une énième ascension parmi tant d’autres, juste bon a renforcer le surtourisme et contribuer à polluer ce site sacré, etc.
La réalité : un jeune homme, prince des réseaux sociaux, qui se lance dans cette ascension et crée le buzz en taisant sa réussite jusqu’au dévoilement qui va réunir des millions de spectateurs dans les cinémas et sur internet.
Pour quelle raison s’est-il lancé dans cette aventure ? Personnellement c’est bien la seule chose qui m’intéresse et je me suis marré quand, sur France Inter, Léa Salamé lui rabâcha la réponse de Mallory (disparu en 1924 sur l’Everest) lequel ,à la question « pourquoi gravir l’Everest ? » s’en tira par une pirouette : « parce qu’il est là ». Quand on connait un peu l’histoire de Mallory on sait bien qu’il n’en n’ait rien. Mallory avait de nombreuses bonnes et mauvaises raisons de gravir cette montagne. Et c’est bien ces étranges raisons qui sont intéressantes. Comment expliquer que l’on puisse consacrer des mois à vivre dans le froid, le danger, la proximité de la mort, l’inconfort, la douleur de l’altitude si l’on n’espère pas trouver quelque chose de plus fort ? Ce peut être la gloire, le bonheur, le sens de sa vie, la revanche sur l’échec, le goût de la victoire. Que sais-je ? Nous avons en chacun de nous une raison de gravir l’Everest, ou de courir le marathon, d’écrire un livre, de chanter, de croire en Dieu, de vivre quelque chose qui ne nous ressemble pas et qui nous laisse s’échapper de notre condition. Inès a bien fait les choses, il a choisi la voie royale : prendre un guide, s’entrainer, effectuer de belles ascensions : Mont-Blanc, Cervin, Ama Dablam. Rien à dire, il ne fait pas partie de ces étranges prétendants qui apprennent à mettre des crampons au camp de base de l’Everest (ce qui ne les empêchera pas d’atteindre, parfois, le sommet). Aurait-il fait autrement, mon sentiment à son égard eut-il changé ?
Inés a simplement rejoint les quelques 6 000 personnes qui ont atteint l’Everest depuis l’ascension de Tenzing et Hillary en 1953. Il n’est qu’un de plus, au nom de quoi serait-il un de trop ?Et il est aussi un de plus à médiatiser son exploit. Ils sont si peu nombreux ceux qui se sont contentés de gravir l’Everest et de garder cet exploit dans un simple coin de leur mémoire !Il sont des milliers à s’être fendu d’un article, d’un film. Leur reproche-t-on ? On peut juste noter que les moyens de médiatisations ont considérablement changé depuis 1953 et qu’Inés atteint un sommet dans ce domaine… Que de pellicules, que de livres, que de conférences, que de polémiques, que de mythes de photos, de tragédies et même de mensonges ont succédé à une ascension de l’Everest ! L’Everest est-il à jamais destiné à n’être que ce haut lieu des excès de la communication ? Et il n’est pas faux que le surtourisme, illustré par ces files d’alpinistes à la queue leu leu, soit imputé à cette débauche d’images et de commentaires. Inés ne fait que participer à cette vaste course à l’échalote. Est-il à ce jour plus blâmable que toutes celles et ceux qui depuis 1953 répètent cette ascension ? Je n’en suis pas certain, ayant moi même fait partie de ces processionnaires de l’Everest. Quant au surtourisme, difficile de croire que ses millions de « followers », vont être à même de débourser 100 000 euros (ou plus) pour prendre un ticket aller simple sur Chomolungma (le retour n’est jamais garanti avec un taux de mortalité qui varie entre 4 et 1%).
Inés a vécu son aventure, il la partage et a su se donner les moyens de la partager au plus grand nombre. Sans doute a-t-il eu de sacrés moyens, mais à chacun son business. Je ne peux que le féliciter, parce que son message prend en compte nombre des critiques qu’on peut lui faire. Il cite les vrais alpinistes (Benjamin Vedrines, par exemple), il n’est pas dupe de l’importance essentielles des Sherpas et de son guide. Il a conscience de la surpopulation, des poubelles . Il perçoit le paradoxe qu’il y a entre son action et son irruption dans un lieu sacré. Où serait sa faute ? Il vit juste des contradictions, de celles que nous connaissons tous ? Une fois encore, grâce à lui, j’ai revu ces paysages aimés (ok, enlevons la foule !) une fois encore, j’ai eu le cœur qui a battu devant la déesse la plus haute. C’est un peu la même chose que lorsque j’ai lu, puis vu « Le sommet des Dieux », à chaque fois, j’ai revécu ce voyage unique vers l’altitude. Alors chers amis, qui critiquez ce jeune homme, soyez indulgents, je sais vos réticences, vos indignations mais Inés n’écrit pas pour l’histoire de l’alpinisme, il écrit pour lui, pour les siens, pour des gens comme moi et il écrit plutôt bien. Je suis certain qu’Inés retournera en montagne, sûrement sans caméra pour le suivre, juste pour le plaisir d’un lever de soleil, la vision onirique d’une arête de neige. Rien de grave dans le succès de son ascension, de son film, de ses messages. Rien que l’étonnement d’un enfant gâté des medias qui découvre avec étonnement la beauté du monde et qui est désormais condamné à la défendre. Le bilan est positif.
Jean Michel Asselin

*… Quoi de semblable entre les messages codés qui, en 1953, parvenaient via des « mails runners » du camp de base de l’Everest à Katmandou pour s’assurer de l’exclusivité de l’info et les dispositifs radiophoniques qui avaient permis un direct du sommet en 1978 pour la première française de Pierre Mazeaud et ses compagnons ? Dispositif qui avait permis d’entendre sur les ondes : « C’est le pied sur le toit du monde ! » (Jean Afanassief qui prononçait cette phrase aurait été un parfait you-tubeur). Mais on se souviendra aussi des directs chaque matin sur Antenne 2 lors de l’expédition de Serge Koenig « Sagarmatha 1988 ».On pourrait encore citer le filmage en Imax de l’américain David Breashears en 1998, les grandes manœuvres du film « Everest » (Baltasar Kormakur) qui raconte la tragédie de 1996, etc.
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Hugo de France inter
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