7/10
Confort
Accroche
Solidité
Maintien
Thermicité
Imperméabilité
10 avis |
Note moyenne 8,3/10
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Inconditionnel de la marque La Sportiva et à la recherche d’une paire de chaussure de montagne avec un programme tourné vers l’alpinisme estival et les courses rocheuses ou d’arêtes, c’est naturellement que je me suis tourné vers le modèle Trango Tower, héritière d’une grande lignée dont la réputation n’est plus à faire.
Lors de l’achat en magasin, j’ai longuement hésité avec la Trango Cube, modèle au chaussant plus près du pied au niveau de la « boite à orteil » ainsi qu’à la pointe légèrement plus fine : une chaussure donc potentiellement meilleure grimpeuse. Après réflexions, mon dévolu s’est jeté sur la Tower car la construction de sa cousine me faisait peur en terme de solidité, différents tests ayant révélés une fragilité des œillets de laçage en plastique. Sachant que j’allais dédier les Trango principalement aux courses rocheuses et donc à une forte abrasion et sollicitation des matériaux, j’ai préféré jouer la carte de la solidité au détriment, peut-être, d’une précision légèrement inférieure en grimpe. En outre, souhaitant une utilisation polyvalente des chaussures avec notamment de longues marches d’approches, j’ai opté pour le chaussant de la Tower, plus adapté à mon pied car légèrement plus large au niveau du métatarse.
J’ai choisi les chaussures en taille 41 pour une pointure en 41 (chaussures de ville) afin d’avoir un maximum de précision en grimpe. Cela ne contraint en rien le confort et mes orteils ne tapent pas à l’avant à la descente avec un bon serrage aux lacets.
Le confort est un des points forts de cette chaussure et ce dès les premières sorties. Le chaussant La Sportiva étant particulièrement adapté à mon pied, je ne souffre d’aucuns points de pression ou de frottement. Le laçage est très efficace avec un système de compartimentage qui permet de désolidariser le serrage de la cheville et du pied.
Quoique dotée d’un amorti faible, sa légèreté et son bon déroulé de pied en font une très bonne marcheuse pour les longues marches d’approche avec un portage conséquent. Je note toutefois un échauffement de la plante du pied en fin de journée, lors des longues redescentes de courses, ce qui est un phénomène fréquent et non propre à la Trango et qui semble difficile à contrer. L’aide d’une bonne semelle en gel en remplacement des misérables semelles de propreté d’origine pourra certainement atténuer cette sensation.
La cheville est relativement souple (en comparaison à une Nepal par exemple) et contribue grandement à ce confort et apporte une bonne liberté de mouvement en grimpe. Elle procure toutefois un très bon maintien du pied, notamment sur les terrains les plus accidentés même avec un sac à dos lourd. En revanche, une vigilance sera de mise avec l’utilisation de crampons pour les chevilles non habituées qui pourront se tordre facilement dans les passages en rocher.
La chaussure est bien structurée avec une rigidité parfaitement dosée qui offre de bonne sensation en grimpe ainsi qu’une bonne sécurité en crampons (elles sont cramponables en semi-automatique) bien que je n’ai pas eu à faire de pointes avants en glace. En escalade sur rocher, la Tower est très performante et permet de grimper sérieusement. Si les sensations en pointe ne sont pas là puisque ce ne sont pas non plus des chaussons, ces chaussures permettent de charger des petites prises et s’offrent même le luxe de quelques adhérences.
La Tower est pourvue de la semelle Cube de Vibram qui est très voire trop tendre. Si l’accroche est excellente sur tous les types de terrains et apporte une réelle sensation de sécurité, elle n’en est pas moins très fragile ce qui est le véritable point noir de cette chaussure.
Une (très) courte saison estivale, avec plusieurs courses, certes assez longues pour certaines, sur le gneiss des Ecrins et le granit chamoniard est venue à bout de la « climbing zone » de la semelle qui fond comme neige au soleil. La trop forte usure et les coupures profondes dans cette même zone de la semelle allant jusqu’à atteindre le cuir sont à mon sens le signe d’un choix inapproprié de matériau de la part de La Sportiva pour une chaussure qui est destinée à la grimpe alpine et aux courses rocheuses bien que le reste de la semelle a quant à elle une usure beaucoup moins prononcée. Une semelle moins tendre n’altérerait que peu les performances en grimpe mais en prolongerait grandement la durée de vie.
Si l’usure rapide était déjà déplorée sur le modèle précédent (la Trango Evo S dotée d’une semelle moins tendre) par les utilisateurs, il semble que ce phénomène soit particulièrement exacerbé sur la Trango Tower ainsi que sur la Trango Cube qui partage le même bloc semelle (référence Vezzana dans le catalogue Vibram).
La grosse limite de la Tower est incontestablement la solidité qui est très en deçà de ce que l’on peut attendre d’une chaussure de montagne. Comme mentionné plus haut, une courte saison qui a débuté début juillet (le test est rédigé à la mi-août) a bien éprouvé les matériaux et est venue presque à bout de la « climbing zone ». Je précise toutefois que je n’ai pas ménagé les Tower en ne les quittant pas des pieds sur plusieurs longues courses en rocher et d’arêtes où elles ont été coincées, entre autre, en fissures. Elles ont également descendu des pierriers assez infâmes et des éboulis dans lesquelles j’ai fait un peu de « ramasse ».
A l’instar de la semelle, l’enrobage est lui aussi très fragile et s’est coupé sur la partie avant de la chaussure au contact des très abrasifs gneiss et granit.
Le cuir synthétique montre lui aussi les stigmates des escalades alpines et je doute sérieusement qu’il résiste à plusieurs saisons avec un traitement similaire.
Au niveau de la tige, seule la « zone anti-abrasion Honey-Comb Guard » (pour reprendre les termes de La Sportiva) qui revêt les flancs de la chaussure semblent réellement solides comme annoncé dans la fiche produit. Les lacets, tout comme les œillets de laçage ne présentent aucuns signes d’usure particulière.
Sur le plan de la thermicité, les Tower sont irréprochables pour une utilisation alpine estivale. Je n’ai jamais eu froid au pied, l’intégralité des sorties ayant eu lieu par beau temps avec des températures elles aussi estivales. Je porte une paire de chaussette en laine mérinos légère et j’ai très souvent (trop) chaud lors des redescentes dans la vallée. Je pense que ces chaussures peuvent aisément être portées par des températures proches de 0°c (conditions que je n’ai pas rencontrées pendant cette période de test) voir en dessous avec de bonnes chaussettes. Au-delà, les limites en thermicité de la Tower devraient rapidement être atteintes.
L’imperméabilité ne m’a pas fait défaut malgré des descentes de courses en neige molle. La membrane semble bien faire son travail bien que je n’ai pas poussé le test au point d’immerger intégralement la chaussure dans un ruisseau. Si à plusieurs reprises une sensation d’humidité des pieds s’est fait sentir, je pense que celle-ci provient de la sudation et non de l’extérieur.
Afin de conclure ce test, je dirai que mon avis sur la Trango Tower est ambivalent. C’est une bonne chaussure de montagne, très confortable, protectrice, chaude et permettant de grimper sérieusement. En contrepartie, c’est une chaussure fragile équipée d’une semelle dont la vitesse d’usure est indécente pour le programme auquel La Sportiva destine la Tower. Cette fragilité s’explique par le choix des matériaux qui permettent un positionnement évident dans la catégorie des chaussures d’alpinisme « light ». Ma paire va partir très prochainement pour un ressemelage et il est certain que je ne ferai pas poser la semelle Cube d’origine. La tige ne survivra pas, à mon avis, à plus de deux saisons estivales. Pour un nouvel achat, j’orienterai très certainement mon choix vers une chaussure équivalente mais avec une tige en cuir de type Trango Alp ou bien vers le modèle Triolet de Scarpa, certes plus lourde mais aussi plus résistante.
7 Commentaires
Pour débuter en alpinisme dans le massif des écrins (rando glaciaire, course d'arrete, mixte) tu conseillerais plutot les trango tower ou les nepal extreme?
Pour ce que tu souhaites faire, je pense que les deux modèles sont adaptés, tout dépendra surtout de la saison à laquelle ces activités seront pratiquées :
- Trango Tower, moins thermique, utilisation trois saisons, semelle plus souple. Chaussure moins résistante que la Nepal.
- Nepal Extrême est la plus chaude de la gamme Nepal. Elle risque d'être même trop chaude en utilisation estivale. Elle sera par contre plus adaptée pour une utilisation en cascade et en mixte hivernale. La semelle plus rigide avec débord avant offrira de moins bonnes sensations en rocher. Chaussure clairement moins fragile qu'une Trango.
Si vous ne faite pas d'escalade hivernale ou sur glace, je vous conseille de partir sur les Trango.
Apres il existe des alternatives intéressante chez Scarpa, avec la Triolet ou la Ribelle HD qui seront je pense plus résistantes.