Eric et Fred sont avec moi sur ce projet que nous avons de longue date : une traversée des Hauts-Plateaux du Vercors à la journée. Sur un tel projet, la logistique est de première importance : pas évident de trouver des transports en commun compatibles avec le parcours, pour éviter la manip’ de voiture. Les horaires ne sont pas flexibles, l’autonomie alimentaire nécessite d’être totale, les points d’eau peuvent être aléatoires et surtout il y a un zeste d’engagement : un incident de parcours pouvant vite tourner à la plaisanterie pas drôle, à plusieurs heures de marche de la sortie et avec le climat particulier qui règne là-haut.
Notre trip démarre de la gare de Grenoble au petit matin, pour une montée en bus à Corrençon. Pour le retour, nous avons 2 options : un covoiturage Blablacar réservé à 17h30 à Clelles, ou un train Clelles-Grenoble 1 heure plus tard, en cas de pépin.
Le départ se fait du Golf de Corrençon, au lever de jour et par un froid mordant : tout est blanc de givre et on doit avoir -5°C. Toutes les couches disponibles sont sur nous (gants, vestes, bonnets) mais ne le resteront pas longtemps, juste le temps que le soleil montre son nez.
Le GR monte tranquillement alors qu’il s’enfonce petit à petit dans la forêt, et vers le Sud, dans la Réserve Naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors. Un espace sauvage et préservé au relief caractéristique. En plus de la beauté brute des lieux, il y règne une ambiance particulière que j’affectionne tout particulièrement.
Notre premier stop se fait à Carrette (km 5), où un groupe de randonneurs à passé la nuit. Le feu brûle dans le poêle, mais nous ne restons pas longtemps et les laissons finir leur petit-déjeuner tranquillement. Nous poursuivons dans la prairie givrée vers Darbounouse (km 8), lieu caractéristique du plateau. La vaste dépression permet de sortir de la forêt au soleil pour une pause panoramique.
Le GR continue vers le Sud par d’agréables dolines pour finalement remonter le Canyon des Erges (km 12), droit dans la faille. La sortie sur la prairie de Tiolache est magnifique.
Notre prochaine étape est la cabane de la Jasse du Play (km 17), où une famille a fait halte. Face au Pas de Berrièves, nous avalons notre déjeuner au soleil – par une température parfaite.
Juste au-dessus, le GR a été dévié pour passer désormais à la Source du Play, qui coule bien après les pluies abondantes de la semaine. Nous avions initialement prévu de compter plutôt sur la Fontaine de la Chau pour refaire le plein en eau, on prend le risque et on ne s’arrête pas.
Un peu plus loin en effet, dans la très belle plaine de la Chau (juste sous le Pas de la Ville) coule la Fontaine (km 20) : comme toujours elle coule d’un bon débit.
La suite est une des plus belles parties. Jusqu’à la Grande Cabane (km 25) on traverse une alternance de bois de pins à crochets et de prairies en herbe accueillantes, sous l’ombre du Grand Veymont et de ses falaises du versant Ouest.
Nous réalisons que nos multiples pauses contemplatives (et c’est bien le but d’être ici, en prendre plein les yeux et s’imprégner de l’ambiance !) rendent notre fin de parcours compliquée vis-à-vis du timing. Petit à petit, l’idée d’une descente par le Pas de l’Aiguille (plutôt que de pousser jusqu’au Pas de l’Essaure) s’impose comme la meilleure solution. Pas vraiment plus court en distance, mais sûrement un peu plus rapide.
A Pré Peyret (km 29), toujours dans cette belle atmosphère de steppe nous profitons des vues sur le Diois, où les feuilles ont déjà bien mûri.
Quelques kilomètres plus loin, partant de la frontière Ouest du plateau, nous allons emprunter un chemin de traverse pour relier le versant Est du massif : pour moi, la plus belle partie du parcours. Une petite sente cairnée serpente dans les lapiaz au milieu du vaste plateau Sud. Une plaine caillouteuse sauvage et désertée, battue par le vent, et avec des vues magnifiques sur l’Oisans au loin, et le Mont Aiguille plus proche. Magique… que rêver de mieux pour courir en pleine nature?
Chaumailloux et sa cabane octogonale (km 36), juste avant notre descente vers le pied du Mont Aiguille, Richardière (km 40) puis Clelles. Ça sent la fin, mais il reste encore une bonne portion de descente qui va mettre les jambes à l’épreuve.
Finish à la gare de Clelles (km 45), à 17h15. Notre covoiturage arrive 5min plus tard et nous dépose à Grenoble. Fin du voyage sur un beau succès de bout en bout et dans un timing parfait!