10/10
Confort
Accroche
Solidité
Maintien
Stabilité
Amorti
4 avis |
Note moyenne 8,3/10
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D'abord un grand merci à Outzer et à On pour leur confiance : je me sens terriblement chanceux de tester du matériel aussi exclusif et qui fait autant parler les bavards.
Merci également à Christelle31 qui en peu de mots à su me rappeler que les premières impressions qu'elles soient très flatteuses ou non doivent s'inscrire dans le temps. (cf. son commentaire ci-dessous)
On, c’est une marque de chaussures suisse.
Créée en 2010 par entre autres un duathlète / triathlète, la marque commence par fabriquer des chaussures de running classiques avant de sortir en 2016 une gamme trail puis des vêtements. A lire leur site internet on les dirait mondialement ultracélèbres mais moi comme j’habite la cambrousse j’en avais jamais entendu parler. La technologie majeure de la marque c’est la semelle de ses chaussures, j’y reviendrai. Au passage, la vidéo qui montre un des boss de la marque courir dans la montagne avec des Cloudventure basses sans chaussettes et en short dans la neige est rigolote : https://www.youtube.com/watch?v=PosWiunQw5A - bon allez, il doit bien avoir des socquettes.
À la réception.
Boîte noire très sobre dont l'intérieur est rempli de nuages. Nan, je déconne, pas de vrais nuages mais de photos de nuages. En tout cas je suis sensible à ce genre de détail : quand on parle de chaussures à ce prix, c'est sympa d'en avoir plus plein les mirettes qu'avec des bonnes vieilles ASICS que t’as acheté chez Gauspöhr quand tu les déballes. Un logo sur les embauchoirs en carton parfait l’impression de luxe de l’ensemble. Dommage que le « made in Vietnam » nous rappelle cruellement le hachoir qu’est notre société.
Tiens, allez, va sur le site à https://www.on-running.com/fr-fr/shoe-finder pour vérifier quelle chaussure On qu’elle est faite pour toi.
Activité : entrainement / terrain : sentier / amorti : souple / maintien : extra et il sort de la boite… Cloudventure Midtop. Je te jure que c’est vrai et réalisé sans trucage.
Come again : ASICS et les mirettes.
Je cours depuis toujours avec des ASICS et j'aime pas de changer - ni de marque, ni de modèle, ni même de chaussures. J'ai usé jusqu'au trognon deux paires de Kanaku, une paire de Kayano sur piste et je suis en train de bousiller des FujiTrabuco 6. On peut se demander pourquoi je me suis inscrit à ce test et puisqu'on est entre nous je peux vous le dire : les Cloudventure sont les chaussures de course les plus mieux belles que j'aie vu avec mes mirettes. Je sais c'est mal de juger quelqu'un d'après son physique, mais bon comme c'est des shoez je me pardonne.
Forcément, une fois sorties de la boîte, je les regarde.
'tain, trop belles. Kaki, tiens khakhi même, tellement elles sont vercacadoi, avec même les lacets assortis. Un mini drapeau suisse sur le renfort latéral arrière de celle de droite. "On" en petit sur le renfort de devant, en gros réfléchissant sur le côté. "O" derrière la chaussure gauche et "n" derrière la droite. Un "O" métallique biscornu qui sert de logo à la marque renforce le passe lacet supéroexterne : t'as la classe ou t'as pas la classe et là, tu l'as. Bonne idée d'avoir parsemé une couleur aussi foncée de tout plein d'inserts réfléchissants. La semelle est... Là pour faire parler les bavards, j'y reviendrai.
Une fois bien regardées, évidemment, je les mets.
Midtop comme "chausson qui monte jusqu'aux malléoles", ça se voit bien sur les photos de profil. Pas aisé à enfiler au point d’être énervant les premières fois malgré la languette arrière en tissu mais une fois dedans : chausson, le nom n'est pas usurpé. Le laçage semble juste servir à décorer, on verra en courant. A noter que malgré un certain nombre de dizaines d’enfilages / désenfilages, je les trouve toujours aussi malcommodes à mettre mais le confort est tel que je ne m’y arrête même plus. En plus vous avez pas l’intention de faire du triathlon avec, donc prenez le temps de vous asseoir, mettez vos petons dedans, positionnez le chausson et profitez de la minute que ça prend pour respirer avant de profiter de la sortie. J’utilise mes semelles orthopédiques et ça tombe bien parce que selon la pub fabricant, les chaussures ne sont pas là pour corriger ta course mais interagissent avec elle pour que tu puisses donner le meilleur de toi-même : décidément quand tu veux vendre un truc, tu trouves les mots pour le décrire.
Le chaussant est réputé fin, pourtant j’ai pris des 44 exactement ma pointure, j’ai le pied fort (pas l’odeur, hein, la largeur) et elles me vont nickel. Va comprendre.
Je ne résiste pas au plaisir de les porter pour aller en formation @LeParis le lendemain.
Ça commence bien, ton test : 20 bornes de vélo et 10 de marche en ville, super idéal pour tester des trail runners. Malgré la forme bizarre de la semelle, ça ne gêne pas du tout pour pédaler (+1 polyvalence). Elles me semblent un peu raides pour marcher les premières minutes et ensuite je les ai oubliées. Port des chaussures plus de 12 heures d’affilée les deux jours, check de confort en vie quotidienne OK.
Jamais tu cours ?
Je suis un coureur occasionnel. Je fais genre 10-20km par semaine surtout quand il fait trop mauvais pour rouler donc essentiellement en automne et en hiver et exclusively dans des conditions de chiotte. Quand il pleut des chats et des chiens, quand il fait froid, la nuit, etc. Autour de chez moi tous les terrains sont traîtres : pavés arrondis par le temps, bitume inégal, sentiers caillouteux, herbe à trous, buttes bouillasseuses, ponts métalliques, rien de très technique finalement mais à chaque fois que j'essaie de courir avec autre chose que des vraies chaussures de trail à moment ou à un autre je kiss the par terre. Je fais un peu de piste avec les enfants que j'entraîne, aussi. Je fais du vélo quand j'ai piqué le clou de ville de mon épouse qu'a même pas de pédales auto. Je fais de la marche nordique et de la marche tout court et j’aime bien me bouger en général. Tout ça, je préfère le faire avec les mêmes chaussures. Oui je sais jaipaldroit, et jmenfou.
Première sortie de nuit à 5:30, toutes les (mauvaises) conditions de test sont réunies pour ma dizaine de bornes habituelles. Le sol est détrempé par deux jours de pluie, l'herbe est haute, les buttes vers les remparts glissantes à souhait, de même que les zones pavées. L'accroche me semble parfaite : pas la moindre glissade en virage, adhérence constante en montée dans l'herbe, bonne tenue dans la boue – et l’accroche ne diminue pas au long du parcours, malgré la semelle bizarre pleine de trous, mais j'y reviendrai. Le tissu déperlant joue son rôle : mes pieds restent au sec, au passage les renforts latéraux en caoutchouc dur doivent renforcer l'étanchéité de la chaussure en empêchant les éclaboussures de remonter. Je sens un amorti onctueux et une relance très nettement supérieure à mes gel-tralalu habituelles. En appui exclusif sur l’avant / médio-pied (la foulée aérienne c’est un truc qu’il fallait que je teste sur des chaussures nuages, sans blague) ça reste très confortable sur plusieurs kilomètres toujours avec une bonne relance. Le renfort rigide antérieur très étendu donne une grande impression de sécurité et ne gêne pas. Le renfort de talon je ne le sens même pas, faut dire que toutes les chaussures de course sérieuses en sont équipées de nos jours. J'ai été immédiatement séduit à la première sortie, j'étais tellement enthousiaste que j'ai rédigé un test la première semaine !
Et la suite… environ 180 km plus tard
Confortables et très dynamiques, je ne me lasse pas de les mettre.
Les lacets comme prévu servent seulement à stabiliser la position de la chaussure et je les serre à peine. Ronds et enduits ils ont tendance à glisser et à se défaire, ils sont très fins, trop longs et difficiles à nouer avec des gants (je ne cours que l’hiver quand il fait froid et pourave, remember). Les passe-lacets sont super renforcés et ça c'est une partie qui ne bougera pas. Ceci dit, si vous les utilisez seulement pour courir vous mettrez des lacets à attache rapide de chez Alitrérapide pour faire comme sur des Speedcross, des kaki si vous êtes sobres ou des vert fluo si vous aimez briller dans la night comme moi et ça résoudra le problème. Accessoirement ça va flinguer un peu le look sobre et sérieux des Cloudeventure et vous ne pourrez plus les mettre pour frimer aux sorties resto du club mais bon.
Les pieds restent longtemps au sec même avec une pluie assez forte et les chaussures sèchent vite. Je fais partie de ceux qui n’aiment pas les chaussures imperméables parce que l’eau finit toujours par y rentrer et qu’ensuite elles mettent des heures à sécher, gardant les targettes humides et fripant la peau des orteils. La première impression ci-dessus a été confirmée par de nombreuses sorties humides.
Elles sont absolument idéales dans mon terrain de prédilection : autour de chez moi. Accroche parfaite dans l'herbe bouillasseuse des remparts de Rochefort où je fais mon fractionné de montée l'hiver. Accroche parfaite sur les ponts métalliques mouillés. Accroche parfaite dans la boue, dans la terre, dans les feuilles, dans les chemins blancs. Les nuages se comportent comme des "super crampons" de presque un centimètre de hauteur qui font merveille sur terrain meuble même s'il est gluant et glissant façon glaise. Sur les gravillons secs, l'asphalte ou l'herbe sèche j'ai peu testé mais j'ai eu l'impression que ça tient pareil que les autres chaussures de même gamme.
Après plus de 150 km à chercher j'ai enfin trouvé leur limite, qui se situe beaucoup plus loin que celles de mes Fuji : la pente le long du salon de thé en face de la Corderie. Des pavés datant de trois siècles, pleins de mousse dans leurs interstices et de lichen sur leur surface, qui sont une vraie patinoire sitôt qu'il pleut. En montée ça passe, juste, mais ça passe. En descente, je suis en limite d'accroche et ça me force à descendre en trottinant lentement. Pour vous donner une référence, dans cette zone je glisse déjà avec mes Fuji sur le plat et je suis tombé avec des randos basses Lowa pleines de gros crampons. Et pour tout dire je n'ai fait cette partie sous la pluie que pour tester les On, je n'aurais jamais eu l'idée d'essayer autrement : ça se voit que c'est casse gueule.
Leur légèreté et le fait que la semelle pourtant renforcée semble simplement porter le pied en font des chaussures idéales pour la course hors stade, mais pas seulement. Elles sont excellentes pour la marche nordique et même la randonnée typée ultralight en terrain accidenté. Je sais, j’ouvre la boite à gifles en disant que je préfère crapahuter en conditions difficiles avec des chaussures basses à semelles souples, plutôt qu’avec des bottes de plomb qui montent à mi-cuisse. Tant pis.
Va-t-y parler ENFIN de la semelle ?
Une chose est sûre, tes nouvelles shoez elles vont faire parler les bavards vu qu’elles sont pas communes et que leur semelle ne ressemble à rien de ce que t’as vu jusque là.
La technologie brevetée On c’est le CloudTec®, un genre de plis ou de vagues dans le truc caoutchouc / plastique qui compose la semelle et qui crée des « nuages » (zauraient pu appeler ça des vagues ou des coussins mais c’est vrai que « courir sur les nuages » ça tabasse question marketing). Onze nuages sur la Cloudventure comme onze gros crampons suspendus de presque un centimètre de haut vers l’arrière. Voilà l’explication du confort, de la relance, et de l’accroche. Au fond, je me contrefous de l’explication : seul le résultat m’intéresse, et il est bluffant. Au passage, contrairement à leurs shoez de running classique, celles-ci n'ont pas de nuages au milieu de la semelle.
J’ai beaucoup lu en me renseignant pour écrire le test que certains coureurs étaient effrayés que des cailloux ou des débris viennent se bloquer sous les nuages et n’en bloquent l’amorti ou détériorent le dispositif. Je n’ai eu aucune expérience de ce type, je pense que la conception de la chaussure dont les coussins s’écrasent à l’impact rend cette crainte un peu futile puisque quand les nuages sont esquichés il n'ont pas de place pour accueillir les débris. Et puis après tout, j’ai déjà eu des cailloux dans les crampons de mes autres godasses, il suffit de les enlever avec ses gros doigts.
Un défaut de cette semelle c’est qu’elle est tendre et qu’elle s’use sur les surfaces abrasives type asphalte. Ben oui, hein, elle accroche bien justement parce qu’elle est tendre. C’est comme avec les bons pneus de vélo : les Marathon Plus ça dure une éternité plus douze et c’est des savons sur le sec et du lubrifiant téfloné sur le mouillé, alors que les Riddler ça dure un an et pour en perdre le contrôle faut rouler à 70 avec deux grammes dans un singletrack technique à 15% sous la pluie. Tu peux pas tout avoir en même temps, ma fille. Ceci dit, avec environ 180 km au compteur pour le moment, elles sont en excellent état, faudra voir comment ça tient sur le caillouteux sec cet été et je complèterai mon test à ce moment là.
Un point qui peut poser problème, l'angle d'attaque "naturel" de la chaussure. Comme vous le verrez sur la photo, l'angle que fait le premier coussin nuageux avec le sol est beaucoup plus important que sur des trail runners classiques. Tant qu'on contrôle les appuis ou si on court uniquement en foulée aérienne sur le médio-pied, pas de problème : on va poser le pied sur le coussin avec l'angle qu'on préfère. Par contre quand je suis vraiment dans le dur et que je ne contrôle plus rien (ce qui ne m'arrive pas souvent il faut bien le dire parce que je ne suis pas assez bon en course à pied pour ça) je talonne fort et je sens que ça s'étend beaucoup plus que d'habitude dans mes guibolles, j'ai mal aux tendons d'Achille et à la partie basse des deux mollets. Je le sens aussi quand j'allonge beaucoup la foulée en limite de ma vitesse sur piste, comme si ça me forçait à plus de contraction excentrique que d'habitude. A tel point que je me suis fait une petite déchirure des deux côtés en fin d'une sortie caillouteuse d'une dizaine de bornes un samedi matin le lendemain d'un entrainement de tri où j'avais un peu trop suivi les enfants pour leur test de VMA.
Au total.
Ce sont les meilleures chaussures de trail que j'aie essayées. Une partie de cette opinion vient sans doute du fait qu'on dirait qu'elles sont faites pour les conditions dans lesquelles je les utilise et sont particulièrement à l'aise dans le boueux et le mouillé.
Le problème d'angle d'attaque naturel de la chaussure ne concerne peut-être que moi et ma vieillerie. Depuis que je ne fais plus de vitesse avec, je n'ai plus de problème et je ne sens plus de tension dans mes mollets. Et ce ne sont certainement pas des chaussures de piste pour faire de la vitesse.
J'ai un sourcil à lever concernant les lacets, vu l’extraordinaire qualité de la chaussure c'est dommage d'avoir lésiné sur ce point.
Monsieur On, je vais te dire un truc : y’a beaucoup de blabla technologique sur ton site et ça ne m’inspirait pas confiance avant de les recevoir. Mais baratin ou pas, marketing ou pas, tes Cloudventure Midtop, elles sont over the top (j’ai pas réussi à me retenir, désolé).
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Volonté de bien faire quand tu nous tiens