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Note moyenne 6/10
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La version initiale du test faisait 18 pages, alors une fois n’est pas coutume, je vais commencer par la fin.
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.
Non, pas cette fin là : la conclusion du test. Parce que je comprends que vous ayez envie de savoir ce que je pense des produits Isostar que j’ai testés sans avoir à vous taper le journal d'entraînement correspondant ni mes réflexions sur l’hydratation et la nutrition du sportif.
Donc : conclusions
Bidon Isostar Finisher
Très joli bidon en plastique assez souple de bonne qualité (polyéthylène basse densité n°4 supposé peu toxique) donnant très peu de goût aux liquides. Système d’ouverture / fermeture bas de gamme à durée de vie probablement courte. Bonne tenue sur le porte-bidon du vélo. Forme pratique. Annexé immédiatement à son arrivée par ma fille qui en est très satisfaite.
Soluté de réhydratation Isostar Hydrate and Perform parfum citron et parfum orange
Saveur très sucrée, parfum citron très persistant en bouche qui m’évoque le Harpic WC de mon enfance, désagréable si je n’ai pas de possibilité de rinçage à l’eau. Le parfum orange est moins désagréable mais reste trop fort pour moi et la saveur reste trop sucrée. Il existe une variante au pamplemousse et une sans parfum dite “NO” que je n’ai pas testées. Un excellent point : le produit est regrettablement conditionné dans du plastique mais c’est du polypropylène (n°5), supposé migrer très peu vers le contenu. Le produit existe en gros bidon de 1.5 kg pour limiter les emballages, et hélas en version prête à l’emploi en bouteille de 500 ml qui les augmente énormément.
Dilué à la moitié de la recommandation fabricant, le produit reconstitué me semble trop sucré et trop parfumé même s’il est beaucoup plus agréable à boire. Au tiers de la dilution, le goût est acceptable mais la teneur en glucides n’est en théorie pas optimale.
Cette boisson me convient moins bien que le soluté de réhydratation fabriqué maison type OMS (quatre cuillerées à café rases de sucre et une demi-cuillerée à café rase de sel dans un litre d'eau potable source UNICEF) qui est ma boisson de sortie longue depuis plusieurs années. J’utilise pour la fabriquer un sucre non raffiné en vrac type Moscobado, du sel non raffiné en vrac d’à côté de chez moi et je le parfume à l’eau de rose ce qui génère deux à trois flacons de verre de 100 ml complètement recyclables par an en termes de déchets d’emballage.
Barres énergétiques Isostar Energy céréales / multifruit, chocolat, fruits rouges
Nourrissant et digeste pour moi en petit déjeuner avant une activité soutenue prévue pour le matin, pas de fringale et pas de coup de pompe jusqu’au repas de midi.
Impossible à consommer lors d’un effort. Saveur très sucrée m’évoquant davantage une friandise type Mars / Twix qu’une alimentation de l’effort et me donnant des nausées mangées pendant un effort intense. Emballage difficile à ouvrir sans utiliser ses deux mains, inadapté au cyclisme et au triathlon, peu pratique en course à pied pour moi puisqu’il faut être concentré sur l’ouverture et que je préfère être concentré sur l’endroit où je pose les pieds. Chocolat de couverture qui fond vite en températures estivales quel que soit l’emplacement choisi pour les stocker, qui oblige à se salir les doigts ou à jongler avec l’emballage auquel il colle ce qui renforce la difficulté d’ouverture. La seule possibilité que je vois est d’ouvrir l’emballage en entier sur un côté avec les dents et d’en cracher une partie sur le sol, ce que je ne ferai pas.
Mes filles ne s’y sont pas trompées et me réclamaient souvent une de ces barres parce qu’elles allaient au sport… Au lieu du mélange pain / fruits secs / oléagineux que nous leur donnons d’habitude.
Ces barres me conviennent nettement moins bien que les boules d’énergie fabriquées par mon épouse - même si ça lui arrive d’en faire qui ne me conviennent pas, cf. ci-dessous.
Barres énergétiques Isostar Essential banane / datte / céréales et cacao / datte / céréales
Pâte de datte et différents ingrédients dont du chocolat de couverture. Un peu moins sucrée au goût que le produit précédent, m’évoque davantage une nutrition de l’effort mais reste typée friandise. Même genre d’efficacité et de défauts que le produit précédent, notamment les difficultés d’ouverture de l’emballage et la fonte du chocolat de couverture.
Dans l’ensemble moins agréable et moins facile à manger que des figues, des bananes sèches, des abricots secs ou même des dattes deglet nour très sèches qui ont tous un rapport poids / énergie inférieurs aux barres en raison d’une plus faible teneur en sucres. L’apport contemporain en vitamine B1 supposé faciliter l’assimilation du glucose qui est un grand argument de vente des produits alimentaires destinés aux sportifs et dont l’efficacité n’est pas démontrée peut être réalisé si vous y tenez par des oléagineux type cajous / noix du brésil consommés en même temps.
Ces barres me conviennent moins bien que les boules d’énergie fabriquées par mon épouse.
Quelques ronchonnages
Quelques pistes d’amélioration
Tu déconnes, quand même, t’as eu tout gratos et tu râles.
Faut dire que sinon, j’aurais lu les étiquettes et rien acheté… Bon, ben c’est pas comme ça que tu vas être encore sélectionné, hein... Ah, je croyais que les tests étaient là pour que des utilisateurs de base donnent une opinion honnête à l’issue d’un vrai test.
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Ces conclusions posées, voici le test, m’sieu dames.
Préambule
Référence 1 : vélo sortie habituelle
Référence 2 : vélo sortie courte à basse intensité en mode promenade
Prétest : vélo sortie longue, test de nourriture et d’hydratation maison
Test 1 : vélo sortie courte à moyenne intensité
Test 2 : triathlon en course
Test 3 : entrainement triathlon en extérieur à moyenne et haute intensité
Test 4 : vélo sortie habituelle
Test 5 : entraînement triathlon à faible intensité
Interlude (fort bienvenu) : entrainement triathlon combiné imprévu sur une journée
Test 6 : sorties courtes course à pied
Test 7 : vélo sortie courte à haute intensité
Test 8 : efforts calibrés
Post test : sortie vélo longue
Pour être honnête, j’ai eu peur de me lancer dans une vraie sortie longue avec des produits Isostar. Rester 8 à 12h en selle sur un gravel sur un parcours qu’on ne connaît pas est un challenge en soi, sans en rajouter avec de la nourriture ou de la boisson dont j’avais déjà compris ces dernières semaines qu’elle ne sont pas pour moi. Alors je la posterai dans mon profil comme je fais d’habitude.
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Et si vous n’en avez pas encore marre de me lire…
Hydratation et nutrition du sportif : la fabrique de l’opinion publique.
Préambule
Les lignes qui suivent sont mon opinion personnelle et des pistes de réflexion sur ce riche sujet, à la lumière de mes connaissances en matière de recherche bibliographique et de mon expérience personnelle. Rien de plus, et rien de moins. Ce n’est évidemment pas une vraie opinion d’expert ni encore moins d’un comité d’experts, et toujours moins une publication à fort niveau de preuve.
Endurance, vous avez dit endurance ?
On parle de sportif d’endurance (un peu) entraîné à partir de 1h x 4-5/semaine. Si vous n’avez pas ce volume d'entraînement, les lignes suivantes ne vous concernent probablement pas et il n’existe aucune littérature scientifique de bonne qualité permettant de dire qu’une alimentation équilibrée “normale” ne vous suffit pas. Si vous faites des épreuves sportives dont la durée moyenne est inférieure à une heure et peut être deux, il n’existe aucune littérature scientifique de bonne qualité permettant de dire qu’un apport d’eau selon votre soif sans aucun apport calorique ne vous suffit pas durant votre épreuve - même s’il est possible qu’un bain de bouche à la saveur sucrée vous aide sur les efforts courts très intenses et répétés, où l’apnée nécessaire à ingérer un liquide peut faire une différence en termes de performance. Le bain de bouche à la maltodextrine qui ne nécessite pas d’avaler est un sujet fétiche des chercheurs depuis un moment.
L’endurance longue débute probablement à partir de 3h et reste difficile à étudier en raison de l’hétérogénéité des sports concernés et de la difficulté de mesurer les performances des athlètes de façon fiable et comparable.
Biblio
La recherche bibliographique en matière de biologie et de médecine (sportive ou pas) utilise un moteur de recherche spécifique appelé PubMed https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/ qui donne accès à la base de données MEDLINE. Ce moteur est le moins mauvais du type puisqu’il indexe des revues à comité de lecture dont les articles sont au moins un peu relus et vérifiés avant leur parution. Les autres moteurs notamment Google Scholar sont très appréciés des vendeurs de vent en raison de leur richesse en données peu / non pertinentes et peu / non vérifiables.
Bruit de fond et pseudo-science
La majorité de la littérature médicale actuelle est de faible niveau de preuve, créant un important bruit de fond parasite de pseudo-science qui rend difficile la recherche d’informations pertinentes. C’est la raison pour laquelle des organisations indépendantes comme le réseau Cochrane ou la revue Prescrire analysent les parutions de façon indépendante. C’est la raison pour laquelle le concept de médecine basée sur des preuves (EBM = evidence based medicine) a vu le jour, sa première étape étant la lecture critique. Vous trouverez plus d’informations sur le sujet ici et ici
Ce qui est vrai en biologie, en médecine et en particulier en thérapeutique où les contraintes imposées a priori aux chercheurs sont importantes l’est encore plus en nutrition sportive où les contraintes imposées a priori aux chercheurs varient de minimales à nulles ; la quasi-totalité des données de la littérature sur le sujet ne sont pas exploitables en raison de biais méthodologiques majeurs.
Lire entre les lignes
La lecture critique d’un article scientifique portant sur une étude ne cherche pas à le déboulonner. Elle cherche à évaluer la pertinence réelle des conclusions que les auteurs de l’article tirent de leur étude. Elle s’intéresse donc aux conflits d’intérêt présentés par les auteurs (qui peuvent biaiser leurs conclusions s’ils sont rémunérés par la firme commercialisant le produit testé par exemple), à la qualité méthodologique de l’étude (échantillon, protocole de test par exemple), à la validité des conclusions tirées à partir des résultats, etc.
Quand on parle “d’efficacité non démontrée” en matière d’EBM on ne parle pas d’inefficacité. Une étude qui ne montre pas d’efficacité montre simplement qu’elle ne parvient pas à montrer d’efficacité de l’intervention (soin, médicament, etc.) Elle ne démontre en rien qu’une intervention inefficace sur une population ne sera pas efficace sur un patient donné dans une situation donnée : pour démontrer qu’une intervention est inefficace, il faut une étude spécialement conçue. C’est une nuance importante, le “ça sert à rien” du langage courant n’a pas de sens en EBM.
Blablabla et nutrition / hydratation du sportif
Isostar : ça manque de lecture critique, gars et filles
Ce que dit Isostar n‘est pas spécifique à cette marque, tous les fabricants de nutrition sportive disent à peu près la même chose pour faire la publicité de leurs produits. Par exemple :
1- Lors d’un effort, il “faut” consommer une source “immédiatement disponible d’énergie” en même temps que de l’eau et des “sels minéraux” (quoi que recouvre ce terme)
6- Il faut consommer des barres énergétiques même sur les efforts courts
Que dit la littérature ?
1- Ca parait “logique” mais ce n’est pas démontré de façon scientifiquement formelle chez les sportifs moyens. Une lecture critique de l’étude princeps illustre bien les dangers de la pseudo-science3- Référence citée par la marque pour appuyer ses dires : Levine S, Gordon B, Derick C, 1924 Some changes in chemical constituents of blood following a marathon race. Journal of American Medical Association, 82 : 1778-1779
Vous avez bien lu cette étude a presque un siècle. Sur 11 coureurs d’un marathon, 4 ont montré une hypoglycémie d’effort. L’étude ne permet d’évaluer ni d’où elle vient ni comment elle peut être prévenue ou traitée. Ce n’est pas le sujet de l’étude, qui est purement observationnelle : elle “constate qu’il existe des hypoglycémies d’effort chez les coureurs de ce marathon”. La recommandation des auteurs d’ingérer des sucres pendant l’effort ne repose sur… absolument aucune donnée, comme la plupart des recommandations de l’époque. Cette recommandation exprime seulement l’avis des auteurs, respectable en soi mais sans aucun fondement scientifique. Dans cette même page, aucune référence bibliographique ne date d’après 2010 et la plupart sont issus de journaux périphériques non référencés sur PubMed. A partir de la bibliographie fournie par Isostar, il est impossible de conclure.
4- Référence citée par la marque pour appuyer ses dires : Sadowska K, Bajerska J, Jeska J, 2009. The effect of two carbohydrate-electrolyte drinks on gastrointestinal complaints and physical performance in rowers. Medicina Sportiva, 13 (3) : 171-176.
Lecture critique : il s’agit d’une seule étude datant de plus de 10 ans, sur 18 rameurs professionnels (= petit collectif d’un sport à besoins spécifiques, pas sur “les sportifs entraînés” en général), monocentrique (un seul centre participant), non aveugle (les solutés ne sont pas de la même couleur et n’ont pas le même goût), parue dans une revue non indexée sur PubMed (= possiblement fantaisiste sans possibilité de contrôle), comparant Powerade et Hydrate and Perform, sans comparateur neutre eau + sucre +/- sel. Il est impossible de conclure à partir de cette référence.
5- Référence citée par la marque pour appuyer ses dires : Jeukendrup AE, 2004. Carbohydrate intake during exercise and performance. Nutrition, 20 : 669-677
Lecture critique : il s’agit d’une revue de littérature datant de 15 ans faite par un seul auteur, qui ne cite pas sa méthodologie de recherche de sources. Sa riche bibliographie de plus de 100 références comporte 21 articles auxquels il a collaboré. Aucune des études qu’il cite directement dans le corps du texte n’est de méthodologie satisfaisante. Il est impossible de conclure à partir de cette référence.
Il semble donc plausible à la lumière des données ci-dessus que la consommation de glucides durant un effort physique intense et prolongé améliore un peu la performance (niveau de preuve III = limité, on est loin du “clairement établi”)
6- Probablement pas.
Conclusion
Pourquoi les marques de nutrition / hydratation sportives pensent-elles avoir besoin de pseudo-science pour vendre leurs produits ? C’est la vraie question et la réponse se situe probablement dans les travaux d’E. Bernays et d’autres sur la manipulation de masse.
Le fait de disposer d’aliments et de solutés prêts à consommer peut être perçu comme un avantage pour les sportifs qui n’aiment pas cuisiner ou assembler eux-mêmes leur nourriture et leur boisson. Que je sache, aucune étude de bonne qualité à ce jour ne montre que les produits spécifiques élaborés par l’industrie sont supérieurs à ce qu’on peut préparer à la maison.
La base de la nutrition sportive reste de l’adapter individuellement aux besoins du sportif.
Merci de votre attention.
11 Commentaires
Malheureusement pour Isostar, ça ne donne pas très envie de consommer leurs produits...
De mon côté, je fais mes barres mais je trouve un bon compromis chez Overstim pour les boissons...
A part ça, je note que c'est le citron qui te fais penser à ce bon vieux Harpic Wc. Pour moi, ce serait plutôt le jasmin. Chacun son histoire :-D
Un autre débat sans étude correcte, c'est la bière après l'effort... Perso je suis adepte