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Note moyenne 8/10
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Je tiens tout d’abord à remercier Outzer pour m’avoir donné l’opportunité de tester les Furia Air. Je pense honnêtement que je n’aurais pas franchi le cap si j’avais dû les acheter, donc ce test était une opportunité unique pour moi d’ouvrir mes horizons et de largement sortir de ma zone de confort niveau chaussons.
Je me suis donnée un bon mois pour tester les Furia Air, les utilisant à presque toutes mes séances (à raison de 3 fois par semaine minimum), et de façon à en tester toutes les facettes.
Avant de commencer, quelques caractéristiques
Le Furia Air est un modèle ultra-innovant, qui n’est pas sans rappeler le visuel des Furia S. Ultra-souple et très léger (environ 130 g pour un chausson en 38,5) grâce à une base synthétique en microfibres perforées, son profile est cambré et asymétrique.
A la pointe de la technologie, il comporte :
(oui, j'ai fait mes devoirs, et non, je ne maîtrise pas totalement le sujet, mais avouez que ça en jette)
Premières impressions
La toute première chose qu’on veut faire avec les Furia Air, c’est les malaxer. A peine la boite ouverte, je les ai pliés dans tous les sens pour voir s’ils sont bien flexibles comme sur les photos… et la réponse est oui ! C’est fun mais surtout inouï et un tantinet étrange.
Etape 2 : les enfiler. Second choc. Une vraie paire de chaussettes à travers lesquelles on sent tout, tellement légères qu’on oublierait presque qu’on les porte.
Un seul hic ici pour moi : le talon, qui flotte. J’ai un espace vide d’environ un centimètre de profondeur, alors que l’avant du chausson convient parfaitement. Je pensais que cela pourrait être résolu en prenant une demi taille, voire une taille complète en dessous – mais l’avis d’un habitué de ma salle était que ces chaussons ne peuvent pas être portés trop serrés à l’avant, sous peine de perte totale de confort et de l'intérêt d'un chausson souple. Bref, il faudra faire avec le talon flottant – ce qui finalement ne gêne pas trop, comme j’en parle par la suite.
Premiers essais : du bloc en salle
Ayant l’habitude de grimper avec des Scarpa Instinct VS – bien plus rigides en comparaison – les premières impressions sont très étranges. D’un coup, je sens tout sous mes pieds. Il me faut faire une bonne dizaine de blocs faciles avant de commencer à m’y habituer. De façon générale, la souplesse de la gomme demande d’être plus précis, d’appuyer mieux ses prises et de faire bosser les orteils ; en contrepartie, on gagne en adhérence et en précision.
Il me faudra plusieurs séances avant de m’habituer à tant de souplesse. Dans une certaine mesure, j’y ai pris goût, même si – hors plats – grimper avec demande un peu plus d’effort au niveau de la pose des pieds, pour un gain moindre en performances.
Dès la première séance, je découvre également le souci lié au synthétique : à l’inverse du cuir, qui absorbe la transpiration, le plastique, lui, macère (à ma surprise, malgré les petits trous !). Pas top. Au final, je me retrouve à souvent enlever mes chaussons non pas parce qu’ils font mal, mais pour les aérer…
Talons et contrepointes
Je suis petite et je suis physiquement relativement faible (entendez : pas de no-foot, pas de gros jetés ou autre bourrinages) ; ainsi, je grimpe essentiellement en technique, et je place des talons et des contrepointes à la moindre occasion.
J’ai mentionné plus haut que le talon était trop grand et flottait un peu – cela ne l’empêche pas d’assurer son rôle. La finesse (et donc souplesse) de la gomme à ce niveau permet même de placer des talons sur des prises assez fines et d’y adhérer parfaitement. Par rapport à un talon plus rigide, j’ai noté avoir moins de chances de zipper et devoir appuyer moins.
En ce qui concerne la pointe, la zone couverte est relativement large, et le caoutchouc toujours très souple. Cela demande d’appuyer plus pour compenser cette souplesse, et bien que ça reste instinctif, cela rend la pose de contrepointes un peu plus difficile qu’avec une gomme plus rigide. J'ai aussi pu tester la pose de pointes dynamiques (pour éviter de se prendre un balan sur un jeté par exemple) : ça tient très bien, mais le pied prend le choc beaucoup plus qu'avec un caoutchouc plus rigide (typiquement les Furia S ou les Instinct VS).
Dans l’ensemble, ce qu’on perd en pointe, on le regagne en talon, pour des performances globales très bonnes.
Tests en extérieur (grès)
Après quelques séances sur résine, j’ai profité de quelques journées ensoleillées pour aller tester les chaussons en extérieur. Direction les Vosges et son abondant grès rose.
NB: de façon générale, les chaussons se salissent vite en extérieur, surtout pour peu que le sol soit humide. Avec les Furia Air, c’est pire : les petits trous présents sous la pointe ne feront qu’amplifier ce phénomène, et se remplissent rapidement de terre ou de boue, ensuite difficiles à nettoyer.
J’ai eu l’occasion de faire quelques blocs, principalement en dévers, et quel plaisir. Excellente adhérence, renforcée par la souplesse qui permet de bien épouser la forme des prises. Par rapport à d’autres chaussons, les Furia Air apportent ici du confort supplémentaire, mais pas nécessairement de gains notables en performances.
Je retourne en extérieur quelques jours plus tard, cette fois-ci pour de la falaise – seulement pour enfin découvrir la limite des chaussons. Ce qu’on gagne ici en confort, on le perd largement en performances. En effet, la souplesse des Furia Air ne se prête pas vraiment au style de falaise, où la pose de pied requiert d’exploiter les aspérités de la roche, souvent plus polie et moins régulière que le grain des volumes en résine. En toute honnêteté, j’étais ici beaucoup moins en confiance qu’avec une paire un peu plus conventionnelle.
Un chausson un peu trop souple ?
Si les Furia Air m’ont réconciliée avec l’idée d’un chausson souple – moi qui préférais un peu plus de rigidité – elles ne m’ont pas pour autant convertie au genre.
Ce qu’on gagne sur des plats, on le perd sur les plus petites prises. La convergence de la force vers le gros orteil se fait notamment au détriment du quart externe du chausson, ce qui limite un peu la pose de pieds. Je me suis souvent retrouvée avec trop de sensations, trop de souplesse, et pas assez de force dans les gros orteils pour compenser – oui, ça s’entraîne, mais sur un temps d’adaptation relativement long.
Les Furia Air sont donc ultra-spécifiques, se prêtant particulièrement au style moderne des compétitions de blocs, focalisé sur de grands volumes et du dynamisme. Pour un grimpeur de niveau intermédiaire, l’intérêt d’un tel chausson est honnêtement limité.
Longévité
Ma crainte initiale à l'idée d'un chausson super souple, c'était qu'ils ne tiennent pas la route et s'usent très rapidement. Que nenni ! Peut-être est-ce parce qu'ils me forcent à grimper plus proprement, mais après un mois d'utilisation intensive, la gomme est encore presque comme neuve. La pointe s'est un peu arrondie, et des micro-déchirures sont visibles sur le dessus si on regarde de près (en raison de contrepointage intensif), mais la vitesse d'usure est grosso modo la même que pour les Instinct VS.
Sur son site web, Scarpa annonce que les Furia Air sont ressemelables. C'est une propriété que je souhaitais tester, mais au rythme où ils s'usent, ça aurait fait traîner le test un peu trop longtemps à mon goût.
Conclusion
Derniers nés de la famille Scarpa, les Furia Air sont des aliens du monde de l’escalade, particulièrement adaptées au bloc moderne, c'est-à-dire des mouvements dynamiques sur gros volumes. Ultra-spécifiques, incroyablement légers et souples, ces chaussons sont déroutants. Comme n'importe quel outil, leur potentiel ne se révèle qu'avec le bon utilisateur. Or en les portant pendant un mois, j'ai eu parfois l'impression d'être un bébé maladroit qui essaie de jouer dans la cour des grands.
Je ne saurai donc pas réellement dire si la prouesse technologique réalisée par Scarpa a un réel intérêt sur le mur, mais j’attends avec impatience de voir les Furia Air à l’épreuve lors de compétitions de bloc de haut niveau.
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