Avis The North Face Summit Vectiv Pro 2023

On ne dirait pas comme ça, mais entre celui de la marque et celui du modèle, les The North Face Summit Vectiv Pro ont un sobriquet tellement à rallonge que vous ne les appellerez jamais pas leur nom complet ou en mettant tous les mots dans le bon ordre. Pour autant, sont-elles à la hauteur de leur monstrueuse fiche technique ? C'est parti pour le test !

The North Face, c'est cette marque qui, normalement, ne vous parle que si vous êtes passionné(e) de grands espaces enneigés et de parois plus ou moins verticales. Mais après une première tentative de chaussures très techniques pour notre discipline préférée (qui avait moyennement convaincu les utilisateurs), ils remettent le couvert avec ces Summit Vectiv Pro, taillées pour aller manger de la longue distance en toute sécurité, avec l'aide d'une plaque de carbone intéressante.

Du carbone et une fourchette

Ayant fait le constat qu'une bête plaque de carbone pouvait être contre-productive dans un chaussure destinée à un usage trail, où le terrain change en permanence, The North Face (TNF) a donc revu sa copie et fait développer (par une société française s'il vous plaît !) une plaque très particulière. Sur l'avant, elle a une forme de fourchette, pour plus de souplesse sans réduire l'effet rebond ou la stabilité. Et pour renforcer cette dernière, la plaque ressort de la semelle en mousse et se montre bien visible, avec des "ailettes" assez importantes (voir les photos). Et croyez-moi, c'est tout sauf de la poudre aux yeux.

Un look vraiment à part

Au déballage, c'est l'étonnement qui prédomine. Oui, les Summit Vectiv Pro (SVP, ça ira plus vite hein) sont belles, surtout avec tout ce carbone apparent mais intelligemment placé pour ne pas être trop exposé. Mais la matière utilisée pour l'empeigne surprend. Quand certaines marques (comme Salomon ou Hoka) utilisent un textile Matryx pour résister aux ronces ou autres pierres, on a ici affaire à une espèce de plastique tricoté. Ça respire la solidité mais on se demande si ça va se montrer assez souple pour gambader avec. Hormis le carbone, la semelle se montre assez imposante, avec un stack non négligeable de 26 mm à l'avant. On est assez loin du sol et cela peut dérouter. Du côté des crampons, la hauteur est correcte sans être folle, de quoi envisager un usage mixte, plutôt bien vu pour du trail long.

Mieux que tes meilleures charentaises

Allez hop, on y met les pieds ! La languette est maintenue par de larges bandes élastiques et vient bien se plaquer sous une grande longueur du pied, apportant un niveau de confort très appréciable. On n'atteint pas le côté "chaussettes" de certains marques (pour lesquelles l’enfilage devient alors compliqué) mais le confort est presque au même niveau. Gros bonus pour le coussinet sur la partie arrière du pied, qui vient épouser le tendon d'Achille sans appuyer dessus. Il y a de la place pour les orteils mais sans avoir la sensation de flottement qui peut déranger certains (dont moi). Les lacets, irréguliers, permettent de limiter le desserrage. J'aurais aimé qu'ils soient un peu plus longs car en adoptant un laçage typé trail, il y en a tout juste assez pour faire la boucle. Une fois en place, c'est bien simple : on a l'impression de ne rien avoir aux pieds. Le maintien est optimal, la chaussure ne fait plus qu'un avec le pied et on irait presque dormir avec.

De l'amorti, du rebond et de l'air

De par le profil des semelles, ces SVP ne conviendront pas si vous avez une forte attaque talon. Mais si vous avez vous avez aussi une attaque talon modérée ou, mieux, une attaque medio-pied, vous allez adorer… On a l'impression de courir sur des chamallows à ressorts. En fait on pose le pied et de manière assez dingue, on ressent tout ce qu'il se passe sous le pied mais sans ressentir l'impact, comme si la mousse de la semelle ne laissait passer que le meilleur. Ensuite, la bascule se fait naturellement et au moment de l'impulsion, c'est comme si on poussait de 1 pour avoir un ressenti de 2. Et contrairement aux Saucony que j'avais auparavant (test ici), cela ne se fait pas au détriment de la stabilité. Plus d'une fois, j'ai posé le pied complètement en vrac (racine, pierre, etc) et la chaussure a tout remis dans l'axe, évitant de solliciter ma cheville pour compenser.

À l'usage, le matériau utilisé par TNF pour l'empeigne et la tige démontre son efficacité : il y a beaucoup d'air qui passe. Mais alors vraiment beaucoup ! Du coup, ne cherchez pas une quelconque résistance à l'eau en cas de pluie ou de traversée de flaque. Le bon côté, c'est qu'elle sortira aussi vite qu'elle est entrée. Et comme c'est un "gros" fil de plastique, on ne se demande pas si les ronces, cailloux et autres branches vont l'abîmer. On se met en mode marcassin et ça passe sans jamais accrocher, c'est un régal.

Parfaites ? À voir…

Je n'ai pour le moment parcouru que 180 km avec ces chaussures, sur des sorties allant de 10 à 22 km mais je n'ai jamais réussi à les prendre en défaut, que ce soit sur la terre, les racines ou les pierres. Il n'y a bien que dans la grosse boue que les crampons ont montré leurs limites mais sur ce point, à moins d'avoir des crampons rétractables, tout est affaire de compromis. Le bon point, c'est que la boue ne reste pas accrochée sous la semelle plus de trois pas donc on peut rapidement se remettre dans le bon rythme. Ma seule interrogation concerne cependant la semelle extérieure, qui me semble s'user un peu vite. Certains des crampons ont déjà perdu un bon millimètre. J'espère que ça va s'arrêter là car vu le prix de ce modèle, j'aimerais bien ne pas devoir les ranger avant d'avoir atteint 600 km. Pourquoi ? Mais parce que je n'ai rien à leur reprocher. Ah si, en volant chipoter : il arrive que de la saleté entre par la cheville, de l'herbe principalement, un mini système de guêtre corrigerait ça. Mais c'est tout.